Harnoncourt
developpe un langage fait de reliefs, de passion et de jallissements. On
retrouve dans l'album de 1968 un côté brut que l'on constate
dans certaines cantates ce qui n'est pas sans attrait. Le christe eleison est
un ravissement dans les 2 cas avec plus de ferveur pour la version 1968 peut
être du aux tempi generalement plus lents. L'entrée du Gloria! Fabuleux.
Gardiner, dans
le 3eme mouvement, par ex, délivre une intelligibilité
remarquable malgré la difficulté d'interaction des voix. Le (2) est alerte et
profond à la fois. Quelques duretés dans les voix. Un
engagement et une ferveur qui rendent justice à cette partition. Le kyrie est
un modèle d'équilibre et d'articulation. Dans le Crucifux, l'accompagnement et
les voix ne font qu'un. De façon générale, on retrouve cette homogénéité dans
toute l'oeuvre.
Minkowski:
Voix superbes. Une polyphonie nuancée, modelée, modulée. Chaque chose est à sa
place.Un Gloria de combat, un élan bien à propos.Le Unum Dominum est un modèle
d'articulation rigoureuse. Peut être moins de ferveur dans le Crucifixus.
Hengelbrock:
Un tempo à la Klemperer dans le Kyrie. Un peu l'heritier moderne sur ce
morceau. Un son de démonstration. Un travail sur chaque phrase qui manque à
beaucoup de versions. Beaucoup de ferveur. Très bel orchestre, des voix
legeremnt moins amples.
Budday:
Une pochette assez laide...mais une belle musique, un phrasé rythmé dans le
kyrie, modelé, subtil. Le Gloria est fait de subtiles lumières. La polyphonie
est vraiment très belle.Le Unum Dominum est très bien accompagné, les voix
étant moins fluides.
D'un point de vue audiophile, les cinq versions sont globalement bonnes, Hengelbrock réalise un enregistrement de démonstration.
Mes commentaires sur les autres versions:
Leonhart et Bruggen sont assez proches
avec cette belle interiorité et serenité mais qui a du mal à rivaliser avec
l'approche de Harnoncourt.
Herreweghe offre une version très belle
mais enregistrée avec trop de reverberation.
Jacobs ne demerite pas non plus avec une
approche soliste mais qu'il semble avoir du mal à dynamiser. Dommage.
King propose un phrasé convaincant. Les
voix sont neanmoins brouillonnes et parfois approximatives.
Scherchen choisit souvent des tempos
lents qui dissolvent quelque peu la tension malgré un phrasé seduisant. Mais ce
parti pris peut plaire, recueillement...
Dans le même registre, Jochum s'appuie
sur des phrases qui ont du mal à vivre seules. Un peu pesant. Est ce l'ancienne école ou nos oreilles
qui se sont habituées à d'autres structures qui rendent cette approche un peu
datée?
J'étais impatient d'écouter Suzuki qui
venait d'obtenir un Diapason d'or (Dec2007) . C'est, certes, très beau, avec
des couleurs superbes, une lisibilité superlative qui met en avant la
polyphonie de l'oeuvre. Le kyrie a du mal à s'articuler correctement. Une
approche en nuance d'une ferveur toutefois limitée. Le choix de la sérénité
dans l'excellence.
Une bonne version "ancienne"
est surement celle de Richter Live 1969 qui développe un phrasé et une ferveur
exceptionnels.Malgré un son moyen, la polyphonie et les couleurs sont là,
lumineuses.
Giulini est un peu décevant avec des
reliefs limités et une lisibilité perfectible. Une approche recueillie qui ne
manque pas de ferveur.
Klemperer: Un kyrie
contemplatif, profond. Un ensemble coherent et exigeant mais le baroque a un
peu fait vieillir cette approche toutefois excellente.
Christophers:
Belle lisibilité mais peu engagé et peu inspiré.
Karajan
1952: Son vraiment médiocre.
Corboz:
Très belle version qui allie legereté, polyphonie et une articulation qui sert
l'oeuvre. Les voix pourraient être plus engagées dans le kyrie. Le chrite
eleison est très habité.
Marriner:
Le kyrie se traine un peu.
Herreweghe
II: Un très beau travail choral. Une approche nuancée dans le kyrie. On est
loin de l'approche d'un Bernius, plus contemplatif.
Munchinger:
Le retour...Le choc des anciens et des modernes. C'est bien mené avec un
engagement de chaque instant. Un kyrie plus extraverti que Klemperer ou Corboz,
mais passionnant. Le chef met les voix (superbes) en avant et donne une chair à
la partition. L'orchestre pourrait plus engagé dans certains cas.
Schreier:
Bien fait mais son decevant.
Fasolis:
Un kyrie équilibré, des voix sensibles. Une bonne lisibilité . Un peu sage et
monotone sur la fin du kyrie.
Rifkin:
Ici, le une voix par partie reste convaincant. L'interpretation est un peu
uniforme.
Bruggen
II: Je parle plus haut d'interiorité pour la version Bruggen I (ma version
historique), le chef reste fidèle à sa vision et ce caractère envoutant de
l'interpretation.
Beringer:
Manque de caractère, d'engagement. Une approche en nuances ds le Kyrie.
Seymour:
Belles voix. Honorable.
Allwood:
Une approche séduisante avec des voix peu demonstrative mais l'ensemble degage
une belle coherence.
Bernius:
Un beau travail sur les plans sonores et leur coherence. Le phrasé est
exemplaire et évite le discours lenifiant de certaines versions. Inspiré et
subtil. Un superbe Kyrie.
Le
christe est vif dans une perspective moins recueillie mais plus lumineuse.
L'approche est conquerante.
Ozawa:
Un langage assez peu fervent mais coloré et expressif. Lisibilité moyenne.
Shaw:
Des voix en retrait par rapport à l'accompagnement. On s'ennuie.
Pygmalion:
Que le Kyrie et le Gloria...Techniquement superbe. Un beau phrasé. Bien.
Muller-Brühl:
Une première écoute prometteuse mais deçu en comparant. Manque de relief,
d'impulsion, de vie.
Kuentz:
Un peu lointain. Agreable. Maitrise des voix perfectible.
Les 38 interpretations testées:
Merci! Très intéressant et pertinent.
RépondreSupprimerSuperbe !! Et bravo pour les 38 écoutes, il fallait se les enfiler.
RépondreSupprimerEn tout cas, je vous félicite pour l'approche comparative et le point de vue didactique. C'est d'autant plus précieux qu'il devient compliqué de s'orienter parmi la profusion d'enregistrements. Merci.
Corboz : quelle version écoutée ?
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