vendredi 7 décembre 2012

Bach: Messe en Si Mineur

Ce chef d'oeuvre a inspiré du monde, à juste titre. Voici quelques élements d'aide à la sélection sur 38 versions (laquelle écouter en premier dans sa discothèque?) 




 
Harnoncourt developpe un langage fait de reliefs, de passion et de jallissements. On retrouve dans l'album de 1968 un côté brut que l'on constate dans certaines cantates ce qui n'est pas sans attrait. Le christe eleison est un ravissement dans les 2 cas avec plus de ferveur pour la version 1968 peut être du aux tempi generalement plus lents. L'entrée du Gloria! Fabuleux.
Gardiner, dans le 3eme mouvement, par ex, délivre une intelligibilité remarquable malgré la difficulté d'interaction des voix. Le (2) est alerte et profond à la fois. Quelques duretés dans les voix. Un engagement et une ferveur qui rendent justice à cette partition. Le kyrie est un modèle d'équilibre et d'articulation. Dans le Crucifux, l'accompagnement et les voix ne font qu'un. De façon générale, on retrouve cette homogénéité dans toute l'oeuvre.
Minkowski: Voix superbes. Une polyphonie nuancée, modelée, modulée. Chaque chose est à sa place.Un Gloria de combat, un élan bien à propos.Le Unum Dominum est un modèle d'articulation rigoureuse. Peut être moins de ferveur dans le Crucifixus.
Hengelbrock: Un tempo à la Klemperer dans le Kyrie. Un peu l'heritier moderne sur ce morceau. Un son de démonstration. Un travail sur chaque phrase qui manque à beaucoup de versions. Beaucoup de ferveur. Très bel orchestre, des voix legeremnt moins amples.
Budday: Une pochette assez laide...mais une belle musique, un phrasé rythmé dans le kyrie, modelé, subtil. Le Gloria est fait de subtiles lumières. La polyphonie est vraiment très belle.Le Unum Dominum est très bien accompagné, les voix étant moins fluides.

D'un point de vue audiophile, les cinq versions sont globalement bonnes, Hengelbrock réalise un enregistrement de démonstration.

Mes commentaires sur les autres versions:
Leonhart et Bruggen sont assez proches avec cette belle interiorité et serenité mais qui a du mal à rivaliser avec l'approche de Harnoncourt.
Herreweghe offre une version très belle mais enregistrée avec trop de reverberation.
Jacobs ne demerite pas non plus avec une approche soliste mais qu'il semble avoir du mal à dynamiser. Dommage.
King propose un phrasé convaincant. Les voix sont neanmoins brouillonnes et parfois approximatives.
Scherchen choisit souvent des tempos lents qui dissolvent quelque peu la tension malgré un phrasé seduisant. Mais ce parti pris peut plaire, recueillement...
Dans le même registre, Jochum s'appuie sur des phrases qui ont du mal à vivre seules. Un peu pesant. Est ce l'ancienne école ou nos oreilles qui se sont habituées à d'autres structures qui rendent cette approche un peu datée?
J'étais impatient d'écouter Suzuki qui venait d'obtenir un Diapason d'or (Dec2007) . C'est, certes, très beau, avec des couleurs superbes, une lisibilité superlative qui met en avant la polyphonie de l'oeuvre. Le kyrie a du mal à s'articuler correctement. Une approche en nuance d'une ferveur toutefois limitée. Le choix de la sérénité dans l'excellence.
Une bonne version "ancienne" est surement celle de Richter Live 1969 qui développe un phrasé et une ferveur exceptionnels.Malgré un son moyen, la polyphonie et les couleurs sont là, lumineuses.
Giulini est un peu décevant avec des reliefs limités et une lisibilité perfectible. Une approche recueillie qui ne manque pas de ferveur.
Klemperer: Un kyrie contemplatif, profond. Un ensemble coherent et exigeant mais le baroque a un peu fait vieillir cette approche toutefois excellente.
Christophers: Belle lisibilité mais peu engagé et peu inspiré.
Karajan 1952: Son vraiment médiocre.
Corboz: Très belle version qui allie legereté, polyphonie et une articulation qui sert l'oeuvre. Les voix pourraient être plus engagées dans le kyrie. Le chrite eleison est très habité.
Marriner: Le kyrie se traine un peu.
Herreweghe II: Un très beau travail choral. Une approche nuancée dans le kyrie. On est loin de l'approche d'un Bernius, plus contemplatif.
Munchinger: Le retour...Le choc des anciens et des modernes. C'est bien mené avec un engagement de chaque instant. Un kyrie plus extraverti que Klemperer ou Corboz, mais passionnant. Le chef met les voix (superbes) en avant et donne une chair à la partition. L'orchestre pourrait plus engagé dans certains cas.
Schreier: Bien fait mais son decevant.
Fasolis: Un kyrie équilibré, des voix sensibles. Une bonne lisibilité . Un peu sage et monotone sur la fin du kyrie.
Rifkin: Ici, le une voix par partie reste convaincant. L'interpretation est un peu uniforme.
Bruggen II: Je parle plus haut d'interiorité pour la version Bruggen I (ma version historique), le chef reste fidèle à sa vision et ce caractère envoutant de l'interpretation.
Beringer: Manque de caractère, d'engagement. Une approche en nuances ds le Kyrie.
Seymour: Belles voix. Honorable.
Allwood: Une approche séduisante avec des voix peu demonstrative mais l'ensemble degage une belle coherence.
Bernius: Un beau travail sur les plans sonores et leur coherence. Le phrasé est exemplaire et évite le discours lenifiant de certaines versions. Inspiré et subtil. Un superbe Kyrie.
Le christe est vif dans une perspective moins recueillie mais plus lumineuse. L'approche est conquerante.
Ozawa: Un langage assez peu fervent mais coloré et expressif. Lisibilité moyenne.
Shaw: Des voix en retrait par rapport à l'accompagnement. On s'ennuie.
Pygmalion: Que le Kyrie et le Gloria...Techniquement superbe. Un beau phrasé. Bien.
Muller-Brühl: Une première écoute prometteuse mais deçu en comparant. Manque de relief, d'impulsion, de vie.
Kuentz: Un peu lointain. Agreable. Maitrise des voix perfectible.

Les 38 interpretations testées:




3 commentaires:

  1. Merci! Très intéressant et pertinent.

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  2. Superbe !! Et bravo pour les 38 écoutes, il fallait se les enfiler.
    En tout cas, je vous félicite pour l'approche comparative et le point de vue didactique. C'est d'autant plus précieux qu'il devient compliqué de s'orienter parmi la profusion d'enregistrements. Merci.

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  3. Corboz : quelle version écoutée ?

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