lundi 3 décembre 2012

Brahms: Concerto pour violon


On peut se demander quel est l'interêt de tester des oeuvres aussi enregistrées. Eh bien, bêtement l'envie de pouvoir écouter ce qui me plaira le plus à partir de ce qui est disponible. Il faut prendre son temps...

Les 44 versions testées sont toutes au départ des versions remarquables et remarquées pour éviter les listes à la Prévert. Sur ces 44, je n'ai pas reussi à limiter ma selection à moins de 10 versions, tant celles ci ont des qualités exceptionnelles avec, bien sur, chacune leurs couleurs que l'on retrouve dans les commentaires.
Et si je ne devait n'en écouter qu'une? Mullova ou Faust si je suis en forme et Ferras-Karajan ou Hillary Hahn si plus fatigué.
Je n'oublie pas Ginette Neveu (Schmidt-Isserstedt) ou Oistrakh-Abendroth si j'accepte un son daté.



Mullova 1994: Y a pas photo avec la version 2006. C'est nettement plus habité. Un jeu avec les tripes. Une surprise pour moi.Superbe.
Isabelle Faust fait une prestation à la hauteur de l'encensement mediatique (ce n'est pas toujours le cas).Un engagement superlatif, une belle finesse de jeu. Isabelle évite le patho façon Menuhin ( que j'aime bien, quand même) tout en restant expressive et subtile. Un final de toute beauté. Un enregistrement de démonstration qui rend l'ensemble analytique.
Ferras-Karajan: Un très beau jeu, fait de nuances, de cris, de chants. Envoutant. L'approche du final est coherente avec les autres mouvements. Pas de début du (3) tonitruant. Sensible et profond. 
Hillary est également au top.Malgré son jeune âge, elle fait montre d'une maturité et d'une palette de sentiment exceptionnels, sans oublier une maitrise de tout premier ordre. C'est de plus techniquement très bon.

Ma version historique enfouie dans un double CD était un tresor qui dormait. Stern est très bon, écoutez le debut du 3eme mvt, une merveille d'engagement et de sensibilité.
Des grandes dames ensuite et par courtousie. Ginette reste surement la meilleure de tous à mon avis avec des interpretations inouies en particulier avec Schmidt-Isserstedt.

Ensuite, Milstein reste pour moi le modèle d'une interpretation loin des effets tapageurs (ou agressifs) mais qui restitue de façon très pudique de très belles émotions.Reposant.
Heifetz est, lui, peut être plus froid, plus analytique, mais c'est tellement parfaitement maitrisé que cette option d'interpretation devient exceptionnellement séduisante.
Menuhin-Kempe est également un pur ravissement pour l'esprit.D'aucuns diront que Menuhin en fait beaucoup, mais c'est réellement émouvant et inspiré.Le son est un peu daté.
Dans les relatives deceptions , citons Menuhin- Furtwangler qui m'a un peu déçu ds le 3eme mvt et Vengerov, très seduisant mais dont l'engagement pourrait être plus total.
Enfin, j'ai du mal avec Oistrakh (avec une exception) dont le jeu aux antipodes d'un Milstein, force trop le trait et me fatigue un peu malgré bien sûr un jeu de très grande qualité. C'est l'option interpretative qui me gène et non le talent du soliste.
Deuxième écoute 3 Dec 2012 - Après cadeau de la version Faust.
Perlman-Giulini:  Une approche assez contemplative, poetique, avec un orchestre au diapason.
Fischer: Une belle clarté et un jeu subtil. Le phrasé renforce le propos mélancolique de Brahms. Très beau.
Ferras- Schuricht: Un son peu avenant...Un peu comme Perlman, un langage introspectif qui peut plaire mais perd en spontaneité.
Kogan-Kondrashin: Un engagement fabuleux. Le (1) est expressif, tendu comme un arc. Le (3) est un cri.
Mutter-Karajan: Demonstrative.
Mullova 2006: Decevant, un phrasé nerveux, peu inspiré. Bel orchestre. Dommage parce que la sonate qui suit est, elle, très bien.
Szeryng-Monteux: Agreable et sensible.
Repin-Chailly: Moins habité qu'espéré. Grande maitrise de la partition mais une certaine distance par rapport à l'oeuvre.
Stern-Ormandy: Chantant, presque optimiste. Une prestation séduisante.
Kremer-Bernstein: Un orchestre sur le devant qui "mange" le soliste. Kremer pourrait montrer un peu plus de presence.
Shaham-Abbado: Très bel enregistrement, un soliste sensible qui me fait penser un peu à Ferras. Une grande poesie et une impression de liberté de ton  remarquable.Le final est pris vite, sans profondeur, moins ma vision. Dommage.
Cardenes: Un orchestre coloré, un trop present. Un engagement perfectible surtout avec un plateau pareil.
De Vito- Fricsay: Un son legerement aggressif. Jeu manquant de lisibilité. Surfe avec virtuosité.
Milstein-Klecki: Un jeu sensible, inspiré mais moins bien articulé que d'autres.
Szeryng Dorati: Un orchestre démonstratif, "audiophile". Un soliste qui va au bout de la partition avec talent. Très bel album. L'orchestre est presque plus engagé que le soliste.
Rachlin: Bien fait. Module sensiblement ses phrases (trop?).
Zehetmair: Un jeu qui pourrait se lacher plus. Bel orchestre qui s'efface bien.
Barton: M'a séduit à la 1ere écoute, finalement bien fait sans plus.
Kennedy: Un tempo très lent ds le (1) pas facile à tenir. Le soliste s'en tire bien. Belle lisibilité et bon équilibre avec l'orchestre.
Zimmermann Sawallish: Un discours agile, agreable.

Szigeti Menges : Expressif mais peu inspiré. Parfois strident.
Francescatti Bernstein: Un orchestre royal qui reste très present comme avec Kremer. Très belle prestation du soliste.Garde une part de spontaneité necessaire dans ces pages.

Oistrakh Abendroth: Un superbe live mais avec un son mediocre et gens qui toussent. Un enregistrement rare.
Oistrakh- Kondrashin: Une version extravertie moins convaincante qu'avec Abendroth.
Conclusion: L'objectif était d'essayer de situer  Faust dans une constellation de très belles versions. Challenge, s'il en est sur ce test realisé en deux fois (2008 et 2012)
D'abord les surprises. Ferras-Schuricht ne m'avait pas vraiment impressionné mais avec Karajan, il m'a bluffé. C'est subtil et habité de bout en bout.
Ensuite, le contraste entre Mullova en live en 1994 à Tokyo et la version 2006. le jour et la nuit. La première est un petit bijou de spontaneité. La seconde est franchement bien en deçà.

Enfin, une petite "gourmandise" avec la version plus rare Oistrakh-Abentroth, fabuleuse mais avec un son limite.













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