On peut se demander quel est l'interêt de tester des oeuvres aussi enregistrées. Eh bien, bêtement l'envie de pouvoir écouter ce qui me plaira le plus à partir de ce qui est disponible. Il faut prendre son temps...
Les 44 versions testées sont toutes au
départ des versions remarquables et remarquées pour éviter les listes à la
Prévert. Sur ces 44, je n'ai pas reussi à limiter ma
selection à moins de 10 versions, tant celles ci ont des qualités
exceptionnelles avec, bien sur, chacune leurs couleurs que l'on retrouve dans
les commentaires.
Et si
je ne devait n'en écouter qu'une? Mullova ou Faust si je suis en forme et
Ferras-Karajan ou Hillary Hahn si plus fatigué.
Je
n'oublie pas Ginette Neveu (Schmidt-Isserstedt) ou Oistrakh-Abendroth si j'accepte un son daté.
Mullova
1994: Y a pas photo avec la version 2006. C'est nettement plus habité. Un jeu
avec les tripes. Une surprise pour moi.Superbe.
Isabelle
Faust fait une prestation à la hauteur de l'encensement mediatique (ce n'est
pas toujours le cas).Un engagement superlatif, une
belle finesse de jeu. Isabelle évite le patho façon Menuhin ( que j'aime bien,
quand même) tout en restant expressive et subtile. Un
final de toute beauté. Un enregistrement de démonstration qui rend l'ensemble
analytique.
Ferras-Karajan:
Un très beau jeu, fait de nuances, de cris, de chants. Envoutant. L'approche du
final est coherente avec les autres mouvements. Pas de début du (3) tonitruant.
Sensible et profond.
Hillary est également au top.Malgré
son jeune âge, elle fait montre d'une maturité et d'une palette de sentiment
exceptionnels, sans oublier une maitrise de tout premier ordre. C'est de plus
techniquement très bon.
Ma version historique enfouie dans un
double CD était un tresor qui dormait. Stern est très bon, écoutez le debut du
3eme mvt, une merveille d'engagement et de sensibilité.
Des grandes dames ensuite et par
courtousie. Ginette reste surement la meilleure de tous à mon avis avec des
interpretations inouies en particulier avec Schmidt-Isserstedt.
Ensuite, Milstein reste pour moi le
modèle d'une interpretation loin des effets tapageurs (ou agressifs) mais qui
restitue de façon très pudique de très belles émotions.Reposant.
Heifetz est, lui, peut être plus froid,
plus analytique, mais c'est tellement parfaitement maitrisé que cette option
d'interpretation devient exceptionnellement séduisante.
Menuhin-Kempe est également un pur
ravissement pour l'esprit.D'aucuns diront que Menuhin en fait
beaucoup, mais c'est réellement émouvant et inspiré.Le son est un peu daté.
Dans les relatives deceptions , citons Menuhin- Furtwangler qui m'a un peu déçu ds le 3eme mvt et
Vengerov, très seduisant mais dont l'engagement pourrait être plus total.
Enfin, j'ai du mal avec Oistrakh (avec une exception)
dont le jeu aux antipodes d'un Milstein, force trop le trait et me fatigue un
peu malgré bien sûr un jeu de très grande qualité. C'est l'option
interpretative qui me gène et non le talent du soliste.
Deuxième écoute 3 Dec 2012 - Après cadeau
de la version Faust.
Perlman-Giulini: Une approche assez contemplative, poetique,
avec un orchestre au diapason.
Fischer: Une belle clarté et un jeu
subtil. Le phrasé renforce le propos mélancolique de Brahms. Très beau.
Ferras- Schuricht: Un son peu
avenant...Un peu comme Perlman, un langage introspectif qui peut plaire
mais perd en spontaneité.
Kogan-Kondrashin:
Un engagement fabuleux. Le (1) est expressif, tendu comme un arc. Le (3) est un
cri.
Mutter-Karajan:
Demonstrative.
Mullova
2006: Decevant, un phrasé nerveux, peu inspiré. Bel orchestre. Dommage parce
que la sonate qui suit est, elle, très bien.
Szeryng-Monteux:
Agreable et sensible.
Repin-Chailly:
Moins habité qu'espéré. Grande maitrise de la partition mais une certaine
distance par rapport à l'oeuvre.
Stern-Ormandy:
Chantant, presque optimiste. Une prestation séduisante.
Kremer-Bernstein:
Un orchestre sur le devant qui "mange" le soliste. Kremer pourrait
montrer un peu plus de presence.
Shaham-Abbado: Très bel enregistrement,
un soliste sensible qui me fait penser un peu à Ferras. Une grande poesie et
une impression de liberté de ton
remarquable.Le final est pris vite, sans profondeur, moins ma vision. Dommage.
Cardenes:
Un orchestre coloré, un trop present. Un engagement perfectible surtout avec un
plateau pareil.
De
Vito- Fricsay: Un son legerement aggressif. Jeu manquant de lisibilité. Surfe
avec virtuosité.
Milstein-Klecki:
Un jeu sensible, inspiré mais moins bien articulé que d'autres.
Szeryng Dorati: Un orchestre
démonstratif, "audiophile". Un soliste qui va au bout de la partition
avec talent. Très bel album. L'orchestre est presque plus
engagé que le soliste.
Rachlin:
Bien fait. Module sensiblement ses phrases (trop?).
Zehetmair: Un jeu qui pourrait se lacher
plus. Bel
orchestre qui s'efface bien.
Barton:
M'a séduit à la 1ere écoute, finalement bien fait sans plus.
Kennedy: Un tempo très lent ds le (1) pas
facile à tenir. Le soliste s'en tire bien. Belle lisibilité et
bon équilibre avec l'orchestre.
Zimmermann Sawallish: Un discours agile,
agreable.
Szigeti Menges : Expressif mais
peu inspiré. Parfois strident.
Francescatti
Bernstein: Un orchestre royal qui reste très present comme avec Kremer. Très
belle prestation du soliste.Garde une part de spontaneité necessaire dans ces
pages.
Oistrakh
Abendroth: Un superbe live mais avec un son mediocre et gens qui toussent. Un
enregistrement rare.
Oistrakh- Kondrashin: Une version
extravertie moins convaincante qu'avec Abendroth.
Conclusion: L'objectif était d'essayer de
situer Faust dans une constellation de très belles
versions. Challenge, s'il en est sur ce test realisé en deux fois (2008 et
2012)
D'abord
les surprises. Ferras-Schuricht ne m'avait pas vraiment impressionné mais avec
Karajan, il m'a bluffé. C'est subtil et habité de bout en bout.
Ensuite,
le contraste entre Mullova en live en 1994 à Tokyo et la version 2006. le jour
et la nuit. La première est un petit bijou de spontaneité. La seconde est
franchement bien en deçà.
Enfin,
une petite "gourmandise" avec la version plus rare
Oistrakh-Abentroth, fabuleuse mais avec un son limite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire