jeudi 15 novembre 2012

Brahms: Symphonie n°1

Ce test est un peu délirant car il porte sur 59 versions. Ma première écoute, en 2008 portait sur 22 versions, dont beaucoup de "grands anciens". J'ai voulu, avec ce rajout de 27 versions, surtout trouver des enregistrements récents de haut niveau.
Du premier test, se dégageait deux enregistrements:


Walter fait montre d'un langage fabuleux fait d'agilité, de nuances où chaque instrument est un soliste à part entière tout en sachant conserver une cohésion complète. L'articulation semble évidente et pourtant peu de ses confrères sont capables d'atteindre ce niveau de vision de l'ensemble.Le top du top sur 22 versions malgré des challengers de haut niveau.


 

La surprise est venue de Barbirolli qui, certes m'a habitué à des prestations de haute volée mais inattendues ici.Un langage envoutant fait de poésie, de chant, de cris. Superbe. La polyphonie est extraordinaire et la maitrise de la partition est patente avec cette capacité à donner une âme à chaque phrase.


Puis, pour la deuxième partie:


On ne pourra pas reprocher à Gardiner d'avoir fait une version banale. Le (3) est tout à fait fabuleux. Son orchestre dégraisse la partition à souhait. Ca chante de façon inspirée. Superbe et inattendu. Le (1) ne manque pas de grandeur et nous fait voyager dans l'univers de Brahms.LA version, s'il ne faut en garder qu'une, moderne, ciselée, iconoclaste.



Rowicki: On peut faire un parallèle avec les superbes interpretations des symphonies de Dvorak. Une réelle maitrise de la partition. Un mélange de poesie et de force qui sied bien à la partition. Génial!


Mes autres commentaires:


Fevrier 2008
Jochum (1954) et Furtwangler (1949) offrent des prestations de bon niveau mais le problème est que le relief sonore, le modelé du discours patit d'un son daté , écrasé dans les deux cas malgré de bonnes remasterisations.
En premier lieu, Haitink qui se rapproche de cet équilibre avec une belle lisibilité et un phrasé nuancé.
Une longue hesitation avec la version de Wand, souvent encensée par la presse, qui le merite mais qui est toutefois un petit cran en dessous de Walter ou Barbirolli .
Wand offre une articulation qui gère la tension de façon magistrale et un phrasé  qui rend le discours passionnant.Une approche extravertie faite de lumière. Il manque juste cette petite étincelle. Limite DIA.
Bernstein, égal à lui même, pousse chaque phrase dans ses derniers retanchements pour en donner le meilleuravec des couleurs superbes. La lisibilité est toutefois perfectible.
Klemperer construit une prestation d'une belle transparence, un discours nuancé, une belle polyphonie. Moins caractèrisé par son relief que par sa capacité à modeler un langage poetique.
De belles couleurs.
Deux versions de Karajan avec pour la "Berlin", ce côté un peu pesant, des grosses basses et une lisibilité limitée malgré une tension de chaque instant.
La "Vienne" 1959 est plus proche de l'ideal avec un discours tendu, un peu martial mais degageant une certaine poesie. Une lisibilté très correcte et de belles couleurs. Les grands écarts de dynamiques conduisent à prendre le risque d'une baisse de tension dans les "piano".
Abendroth a une approche poetique, un peu mysterieuse qui sied bien à l'oeuvre. Le 3eme mvt est decevant.
Toscanini a une approche energique, tendue et conquerante mais le son bien daté rend la lisibilité difficile.
Harnoncourt, merveilleux par ailleurs (musique baroque ou classique) est ici peu à son aise ou n'a pas une vision aussi affutée que sur d'autres partitions.Le discours manque de fluidité et l'engagement est limité. Dommage car techniquement, c'est très beau.
Nouvelle serie de tests sur, principalement, des versions récentes - 15 Nov 2012
Je commence par le (3), riche en polyphonies et nuances.
Thielmann: Un orchestre un peu gras, mais bien fait.
Janowski: Une lecture inspirée, pleine de conviction,  subtile.
Jurowski: Une articulation manquant de rigueur. Des effets sans densité.
Raiskin: Un discours vif, d'une belle lisibilité. L'ensemble est tendu, lumineux. Très bien.
Skrowaczewski: Un peu brouillon, mais ne manque pas de caractère.
Norrington: Bizarre! Les plans de l'orchestre manquent de relief. L'ensemble est peu inspiré.
Manze: Un engagement certain. Une approche conquérante (trop?), le (3) y perd son âme, sa poésie.
Dohnanyi: Un langage bien articulé et inspiré. Très convaincant.
Barenboim: Classique, agreable, what else?
Szell (1966): Un discours tendu, fervent, energique en restant sensible. Très bien.
Zinman: Agreable et énergique.
Eschenbach: Peu inspiré. Plat.
Beinum: Le son gache un peu la fête. Les plans sont bien étagés et donne une image très interessante.
Levine: J'avais beaucoup aimé Levine dans la 3ème. Ici, on retrouve cette capacité à faire chanter les differents registres. Lisibilité perfectible.
Szell (1968): Moins convaincant que la version 1966.
Rattle: Bien fait. Il est des interpretations plus inspirées, prenant plus de risque.
Markevitch: A un peu vieilli malgré une belle vision de l'oeuvre. Orchestre  allegeable.
Scherchen: C'est souvent tout ou rien avec ce chef. Ici, c'est tout. Une interpretation  habitée, un mélange d'interiorité et de violence sous jacente. Pas de "gros" tutti dans le (3)  qui affaiblissent le discours.
Karajan: Un langage fluide et passionné. Manque de relief, de polyphonie.
Jansons: Un enregistrement de très bonne qualité, ciselé et nuancé.
Sanderling: Décevant. Manque de tension.
Stokowski:  Un phrasé romantique et un ensemble cohérent.
Tennstedt: Une respiration qui donne corps à l'oeuvre. Ce sens du tout rend le résultat très séduisant.
Solti: Tendu mais peu concis.
Bosch: Pas mal, sans plus.
Munch: On est aux antipodes de la vision d'un Karajan avec un propos (3) ciselé, polyphonique et spectaculaire. Excellent.
Karajan 1978: Mieux que la dernière version du chef.

Conclusion: J'étais à la recherche de perles récentes et  il n'y a pas que du récent dans mon filet. Celui qui m'a surpris et séduit, c'est Gardiner qui prend indéniablement des risques payants. J'ai hésité pour Raiskin qui fait une belle prestation mais un peu en deça de Gardiner et... de Riwicki, pas vraiment un perdreau de la première année, mais qui est formidable. On pourrait citer également Janowski et Levine, tous deux très bon.

Enfin, les versions testées:









1 commentaire:

  1. Dommage que les exécutions de Claudio ABBADO ne figurent pas dans cette étude comparée : il fait grandement le poids avec d'autres chefs illustres.

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