Du premier test, se dégageait deux enregistrements:
Walter
fait montre d'un langage fabuleux fait d'agilité, de nuances où chaque
instrument est un soliste à part entière tout en sachant conserver une cohésion
complète. L'articulation semble évidente et pourtant peu de ses confrères sont
capables d'atteindre ce niveau de vision de l'ensemble.Le top du top sur 22
versions malgré des challengers de haut niveau.
La
surprise est venue de Barbirolli qui, certes m'a habitué à des prestations de
haute volée mais inattendues ici.Un langage envoutant fait de poésie, de chant,
de cris. Superbe. La polyphonie est extraordinaire et la maitrise de la
partition est patente avec cette capacité à donner une âme à chaque phrase.
Puis, pour la deuxième partie:
On ne pourra pas reprocher à Gardiner d'avoir fait une version banale. Le (3)
est tout à fait fabuleux. Son orchestre dégraisse la partition à souhait. Ca
chante de façon inspirée. Superbe et inattendu. Le (1) ne manque pas de
grandeur et nous fait voyager dans l'univers de Brahms.LA version, s'il ne faut en garder qu'une, moderne, ciselée, iconoclaste.
Rowicki:
On peut faire un parallèle avec les superbes interpretations des symphonies de Dvorak.
Une réelle maitrise de la partition. Un mélange de poesie et de force qui sied
bien à la partition. Génial!
Mes autres commentaires:
Fevrier
2008
Jochum
(1954) et Furtwangler (1949) offrent des prestations de bon niveau mais le
problème est que le relief sonore, le modelé du discours patit d'un son daté ,
écrasé dans les deux cas malgré de bonnes remasterisations.
En
premier lieu, Haitink qui se rapproche de cet équilibre avec une belle
lisibilité et un phrasé nuancé.
Une
longue hesitation avec la version de Wand, souvent encensée par la presse, qui
le merite mais qui est toutefois un petit cran en dessous de Walter ou
Barbirolli .
Wand
offre une articulation qui gère la tension de façon magistrale et un
phrasé qui rend le discours
passionnant.Une approche extravertie faite de lumière. Il manque juste cette
petite étincelle. Limite DIA.
Bernstein,
égal à lui même, pousse chaque phrase dans ses derniers retanchements pour en
donner le meilleuravec des couleurs superbes. La lisibilité est toutefois
perfectible.
Klemperer
construit une prestation d'une belle transparence, un discours nuancé, une
belle polyphonie. Moins caractèrisé par son relief que par sa capacité à
modeler un langage poetique.
De
belles couleurs.
Deux
versions de Karajan avec pour la "Berlin", ce côté un peu pesant, des
grosses basses et une lisibilité limitée malgré une tension de chaque instant.
La
"Vienne" 1959 est plus proche de l'ideal avec un discours tendu, un
peu martial mais degageant une certaine poesie. Une lisibilté très correcte et
de belles couleurs. Les grands écarts de dynamiques conduisent à prendre le
risque d'une baisse de tension dans les "piano".
Abendroth
a une approche poetique, un peu mysterieuse qui sied bien à l'oeuvre. Le 3eme
mvt est decevant.
Toscanini
a une approche energique, tendue et conquerante mais le son bien daté rend la
lisibilité difficile.
Harnoncourt,
merveilleux par ailleurs (musique baroque ou classique) est ici peu à son aise
ou n'a pas une vision aussi affutée que sur d'autres partitions.Le discours
manque de fluidité et l'engagement est limité. Dommage car techniquement, c'est
très beau.
Nouvelle
serie de tests sur, principalement, des versions récentes - 15 Nov 2012
Je
commence par le (3), riche en polyphonies et nuances.
Thielmann:
Un orchestre un peu gras, mais bien fait.
Janowski:
Une lecture inspirée, pleine de conviction,
subtile.
Jurowski:
Une articulation manquant de rigueur. Des effets sans densité.
Raiskin:
Un discours vif, d'une belle lisibilité. L'ensemble est tendu, lumineux. Très
bien.
Skrowaczewski:
Un peu brouillon, mais ne manque pas de caractère.
Norrington:
Bizarre! Les plans de l'orchestre manquent de relief. L'ensemble est peu
inspiré.
Manze:
Un engagement certain. Une approche conquérante (trop?), le (3) y perd son âme,
sa poésie.
Dohnanyi:
Un langage bien articulé et inspiré. Très convaincant.
Barenboim:
Classique, agreable, what else?
Szell
(1966): Un discours tendu, fervent, energique en restant sensible. Très bien.
Zinman:
Agreable et énergique.
Eschenbach:
Peu inspiré. Plat.
Beinum:
Le son gache un peu la fête. Les plans sont bien étagés et donne une image très
interessante.
Levine:
J'avais beaucoup aimé Levine dans la 3ème. Ici, on retrouve cette capacité à
faire chanter les differents registres. Lisibilité perfectible.
Szell
(1968): Moins convaincant que la version 1966.
Rattle:
Bien fait. Il est des interpretations plus inspirées, prenant plus de risque.
Markevitch:
A un peu vieilli malgré une belle vision de l'oeuvre. Orchestre allegeable.
Scherchen:
C'est souvent tout ou rien avec ce chef. Ici, c'est tout. Une
interpretation habitée, un mélange
d'interiorité et de violence sous jacente. Pas de "gros" tutti dans
le (3) qui affaiblissent le discours.
Karajan:
Un langage fluide et passionné. Manque de relief, de polyphonie.
Jansons:
Un enregistrement de très bonne qualité, ciselé et nuancé.
Sanderling:
Décevant. Manque de tension.
Stokowski: Un phrasé romantique et un ensemble cohérent.
Tennstedt:
Une respiration qui donne corps à l'oeuvre. Ce sens du tout rend le résultat
très séduisant.
Solti:
Tendu mais peu concis.
Bosch:
Pas mal, sans plus.
Munch:
On est aux antipodes de la vision d'un Karajan avec un propos (3) ciselé,
polyphonique et spectaculaire. Excellent.
Karajan
1978: Mieux que la dernière version du chef.
Enfin, les versions testées:
Dommage que les exécutions de Claudio ABBADO ne figurent pas dans cette étude comparée : il fait grandement le poids avec d'autres chefs illustres.
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